Les derniers jours des Templiers
Les derniers jours des Templiers
Un article tiré de Science & Vie N°683, de Janvier 2004

Le rouleau de la disgrâce

Ce document de 30 mètres de long a été précieusement conservé à Paris pendant 700 ans. Il n'a jamais fait l'objet d'une exposition au public.

C'est un rouleau de trente mètres de long. Un interminable parchemin en peau de veau jaunie, où a été retranscrite en latin, dans une écriture serrée, l'intégralité des interrogatoires auxquels ont été soumis en octobre 1307, les 138 « pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon» arrêtés à Paris sur ordre du roi Philippe le Bel. A la jonction de chacun des feuillets composant ce document inestimable auquel nous avons eu accès, les signatures de quatre notaires ont été ajoutées aux ligatures de l'archive de façon que rien ne puisse être ni ajouté ni retranché qui ne soit visible. Conformément à ce qui se faisait à l'époque, il ne s'agit pas de la transcription intégrale des propos recueillis sur le vif au moment des interrogatoires, mais des minutes reformulées par la suite. Des dépositions recopiées au propre par les officiers du roi après que ces confessions ont été arrachées aux chevaliers de l'Ordre, les milites templi, souvent sous la torture (lire p. 52). Ces interrogatoires se sont déroulés entre le 19 octobre et le 24 novembre 1307 dans la salle basse du Temple, à Paris, en présence de l'inquisiteur de France, Guillaume de Paris. Ils ont conduit au procès de l'Ordre ainsi qu'à celui de son plus illustre représentant, le grand maître Jacques de Molay, dont les propos tenus sur le bûcher, seront à l'origine du mythe (lire p. 59) . Juste avant que ne soit prononcée la dissolution pure et simple de cet ordre militaro-religieux, le plus puissant d'Europe.

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Rouleau du jugement des Templiers à la BNF

Conservé aux Archives nationales dans le quartier du Temple, à Paris, ce document resta à l'abri de la Sainte-Chapelle de Paris avec les archives du roi pendant près de cinq siècles. La grosse tour à enclos aujourd'hui disparue, qui a donné son nom au quartier, appartenait elle-même à l'ordre de chevalerie. L'imposante construction se trouvait située en plein coeur du domaine templier pour lequel les chevaliers avaient, pendant des années, défriché et assaini une zone de marécages insalubres où s'étend aujourd'hui le Marais. Là, ils avaient bâti une résidence fortifiée et une église, à l'instar de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. « Le fonds que nous possèdons ici est celui du grand prieuré de France de l'ordre de Malte. Il réunissait les archives des Templier et celles des Hospitaliers saisis pendant la Révolution. Ces documents s'étendent de 1130 à la disparition de l'Ordre au début du XIVème siècle », explique Ghislain Brunel, conservateur aux Archives nationales. Le grand prieuré de France gérait les domaines de l'lle-de-France, de la Normandie, de la Picardie, de la Champagne occidentale et de la Bourgogne du Nord. Raison pour laquelle les archives des templiers de la Manche, qui se trouvaient aussi à Paris, ont pu être « sauvées » des bombardements alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. L'hôtel de Soubise, à Paris, n'est pas le seul lieu où sont conservés des documents templiers. Beaucoup se trouvent dans les archives départementales qui ont récupéré les fonds du grand prieuré de Champagne (Auxerre, Dijon et Troyes), des prieurés de l'Ouest ou du Midi, comme Toulouse et Marseille. Quand aux manuscrits retraçant les règles de l'Ordre, ils sont éparpifiés entre la Bibliothèque nationale de Erance, la bibliothèque de Nîmes, les bibliothèques de Munich, de Prague ou de Bruges : des textes essentiels, en latin et français, sur la discipline monastique, les règles de vie commune et la liturgie, l'organisation des repas et les multiples aspects de la vie militaire des Templiers. Sans compter les archives de la couronne d'Aragon, à Barcelone, riches de la correspondance entre les souverains et les dignitaires templiers de l'Europe entière.
Seuls les chercheurs ont d'ordinaire accès au manuscrit des interrogatoires de Paris, conservé avec les nombreuses pièces de l'affaire dans une dizaine de cartons parfaitement alignés sur des étagères. C'est ici l'une des premières fois qu'il est présenté au grand public. Avec les confessions des chevaliers arrêtés, les correspondances officielles et officieuses entre Philippe le Bel et ses chanceliers, ces notes retracent avec force le dessein d'un homme d'Etat du dé- but du xive siècle qui décida de faire plier un pape en anéantissant ses plus fidèles alliés.

Bernadette Arnaud
Reportage photo : Bernard Martinez

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Templiers et Croisades
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Templiers et Croisades


L'implacable machine à broyer de Philippe le Bel

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De leur arrestation en 1307 aux aveux souvent sous la torture, jusqu'au procés, le plan minutieux du roi de France ne laissa aucune chance aux Templiers accusés d'hérésie.
Le vendredi 13 octobre 1307, au petit matin, une opération de police d'une ampleur inédite est lancée aux quatre coins du royaume de France. A la même heure, où qu'ils soient, tous les membres de l'ordre du Temple sont arrêtés. Compte tenu des moyens de communication limités de l'époque, ce vaste « coup de filet » est d'une efficacité inouïe. L'effet de surprise est total. En quelques heures toutes les cornrnanderies de Erance sont tivesties, leurs occupants emprisonnés et leurs biens mis sous séquestre. Cette opération spectaculaire va tellement marquer les esprits qu'elle alimentera la croyance liée au « vendredi 13 », longtemps considéré comme un jour néfaste. « Nous possédons trois copies de l'ordre d'arrestation lacé par le roi Philippe le Bel. Une se trouve ici, aux Archives nationales, une autre à la Bibliothèque nationale de France et la troisième à Lille », explique Ghislain Brunel, conservateur aux Archives nationales. Un mois avant le jour J, cette lettre a été transmise aux commissaires spéciaux et aux baillis et sénéchaux du royaume, ceux-ci ayant « à charge de la garder secrète en attendant le jour fixé pour son exécution », indique clairement le document. La moindre fuite, et c'est la mort assurée. Rien ne doit transpirer du piège tendu par le roi de France et son garde des Sceaux Guillaume de Nogaret aux Templiers dont ils veulent anéantir le pouvoir et se saisir des biens (lire l'encadré p. 56).

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Un mois avant le jour J, l'ordre d'arrestation (ci-dessus) délivré par Philippe le Bel (à droite) est transmis dans tout le royaume aux commissaires spéciaux, baillis et sénéchaux, avec consigne de le tenir secret. Compte tenu des moyens de communications de cette époque, l'organisation du c coup de filet » est spectaculaire.

Et personne ne trahira le secret. Car chacun sait à quoi s'en tenir... D'autres arrestations d'envergure ont déjà eu lieu précédemment. L'historien Alain Demurger, spécialiste des Templiers, rappelle ainsi qu'un an auparavant, en 1306, Philippe le Bel a fait expulser des milliers de juifs du royaume, après avoir, là encore, fait saisir leurs biens. La France était la proie d'une grave crise monétaire et financière, et le roi se vengeait ainsi du peu d'argent qu'il estimait avoir obtenu de ces sujets, comme l'indiquent les Grandes Chroniques du Royaume. Avant lui, le roi d'Angleterre et certains de ses prédécesseurs tels saint Louis ou Philippe Auguste avaient agi de la même manière.
Les semaines qui précèdent les arrestations de templiers sont mises à profit pour peaufiner les conditions de leur capture. II faut d'abord localiser les frères présents sur le sol de France, puis les faire discrètement surveiller. Le roi prend ensuite la précaution de convoquer une assemblée à Tours en 1308 pour obtenir l'adhésion des représentants du peuple et des forces politiques contre tous ceux qui pourraient se révéler ennemis intérieurs et extérieurs. Philippe le Bel sait cependant qu'il ne risque pas de choquer « l'opinion publique », comme on dirait aujourd'hui. La population de l'époque, contrairement à ce qui adviendra au cours des siècles suivants (lire p. 59), n'a pas grande estime pour les Templiers. On leur à ses gens d'armes reproche d'avoir perdu la Terre sainte qu'ils étaient pourtant chargés de défendre, lors d'une bataille contre les mamelouks - les nouveaux maîtres de l'Egypte - le 28 mai 1291. Et surtout d'être exonérés d'impôts quand le peuple croule sous la dîme, perçue au bénéfice de l'Eglise. Mais le roi sait que la force seule ne suffira pas. II lui faut trouver un prétexte pour faire plier cet ordre qui, soumis à la seule autorité du pape, résiste à son pouvoir et lui refuse son aide financière. Seule issue : les convaincre d'hérésie. Pour ce faire, Guillaume de Nogaret monte secrètement un dossier d'accusation à partir d'informations recueillies auprès de templiers renégats. De son côté, le 22 septembre, l'inquisiteur de France, Guillaume de Paris, adresse des instructions secrètes aux autres inquisiteurs du royaume pour transformer les Templiers en victimes expiatoires idéales. « La question de l'hérésie a souvent été laissée de côté par les historiens, alors qu'elle constitue le levier majeur actionné pour abattre les Templiers », fait remarquer Ghislain Brunel. C'est d'ailleurs par la phrase « Dieu n'est pas content, nous avons des ennemis de la foi dans le royaume... » que débute l'ordre d'arrestation envoyé par Philippe le Bel à ses gens d'armes.

« Dieu nest pas content, nous avons des ennemis de la foi dans le Royaume. »
La première phrase de l'ordre d'arrestation envoyée par Philippe le Bel

Les accusations implacables portées contre les chevaliers du Temple ne leur laissent aucune chance. L'interrogatoire auquel ils vont être soumis individuellement a été minutieusement élaboré par Guillaume de Nogaret en collaboration sans doute avec son conseiller Guillaume de Plaisians. « Nous en possédons un brouillon », explique l'historien Sébastien Nadiras. Les Templiers sont accusés d'avoir adoré une « idole ». Un être au visage barbu, qu'une hypothèse récente, développée par l'historienne italienne Barbara Fraie, attribue à une relique largement inconnue en Occident à l'époque, mais devenue fort célèbre depuis : le suaire de Turin (lire l'encadré p. 58). Plusieurs templiers succomberont sous les « tournents » (tortures), au cours des séances d'interrogatoire dont le parchemin conservé à Paris retrace le déroulement. En effet, le Manuel d'inquisiteur de Bernard Gui et sa « pratique de l'enquête » l'évoquent tous deux : par exemple, « [.] contre un accusé de ce genre [.] on aura le loisir [.]. d'employer la contrainte et de réduire l'accusé par la faim, par la prison où les fers ou de le mettre à la question [.] » . D'autres passages plus précis révèlent qu'à Pamiers, le tribunal d'inquisition utilise le chevalet, l'estrapade, les charbons ardents ou les brodequins, après que le reste n'a pas marché. Car il faut surtout éviter la mutilation et la mort.
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Des templiers brûlés vifs (miniature tirée des « Grandes Chroniques de France »).

Ainsi, le premier d'entre eux à figurer sur ce manuscrit se nomme Pierre de Torteville. Agé de 50 ans, ce frère sergent avoue comment, vingt-six ans plus tôt, il a été reçu dans la commanderie du Temple des Fourches, dans le diocèse de Sens. « C'est avant tout sur cette cérémonie de la "réception" au Temple que l'accusation s'est concentrée », explique Ghislain Brunel. Les accusateurs sont en effet intrigués par les rites d'intronisation que les Templiers avaient la réputation de pratiquer et veulent à tout prix leur faire avouer la perpétration d'actes hérétiques. Les questions, brutales, se succèdent : « Est-ce que lors de [cette] réception, à chaque réception, ou après. . . [vous reniez] le Christ ? Ou parfois le crucifix ? Ou Jésus ? Ou Dieu ? Ou peut- être même la vierge Marie ? Ou tous les Saints ? Est-ce que [vous adoriez] un chat visible à tous lors de [ces] réunions ? Est-ce que lors de la réception dudit ordre, celui qui [vous] recevait [vous] embrassait, sur la bouche, sur le nombril, ou sur le ventre nu, ou sur l'épine dorsale, ou sur la verge ? » En cas de réponse évasive, les inquisiteurs revenaient à la charge avec des moyens plus coercitifs...
A en croire le rouleau conservé aux Archives, Hugues de Pairaud (visiteur de France), l'un des plus hauts responsables de l'Ordre, aurait ainsi fini par avouer le déroulement d'une séance. On lui aurait commandé « de renier celui dont l'image était représentée, de cracher sur la Croix ». Ce qu'il aurait fait, dit-il, uniquement dans la forme, sans adhérer sur le fond comme le rapportent les minutes : « Il renia Jésus-Christ de la bouche et non du cour [.]. Il ne cracha pas sur la Croix. » Plus loin, le jeune Raymond de La Fère, 21 ans, avoue lui aussi « qu'il a craché trois fois sur la Croix, mais de bouche et pas de coeur ». Comment expliquer de tels agissements? Après les avoir longtemps niés, les historiens accréditent aujourd'hui l'existence de ces simulacres d'hérésie à l'intérieur de l'Ordre. « Certains pensent qu'ils auraient fonctionné comme des séances de "bizutage" permettant aux templiers de s'entraîner à supporter des mauvais traitements en cas d'arrestation par les infidèles, en Terre sainte », explique Ghislain Brunel.

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Rouleau du jugement

Autre accusation portée contre les Templiers : la sodomie, acte hérétique, et au Moyen Age, une des fautes les plus graves. A en croire le manuscrit, Robert de Sarnay, originaire du diocèse de Beauvais, aurait ainsi avoué que « celui qui le recevait lui avait enjoint de s'abstenir des femmes, par contre, il lui a donné la permission, si une chaleur naturelle le poussait à l'incontinence il pouvait la satisfaire près d'un autre frère, mais il ne l'a jamais fait ».
L'avarice - autre péché capital - est également pointée du doigt. Les Templiers sont accusés de ne pas être assez charitables: « Les aumônes n'étaient pas faites dans l'Ordre comme on aurait dû », mentionne le manuscrit. Pour sauver leur vie, les chevaliers n'ont qu'une issue : avouer, reconnaître leurs fautes réelles ou imaginaires et faire pénitence. La procédure inquisitoire appliquée à l'époque mettant l'aveu au coeur de la justice, celui qui reconnaît ses crimes sauve en effet sa tête. Mais elle établit un crime absolu, celui de « relaps » : nul n'a le droit de revenir sur ses déclarations, sous peine de retomber dans l'hérésie et d'être condamné à mort. Rappelons qu'au cours de ces mêmes années, on continue à traquer l'hérésie albigeoise dans le Midi de la France : les ultimes procès pour réduire les dernières poches cathares se dérouleront du côté de Montaillou, en 1340.
« A l'issue du procès, la plupart des templiers qui ont reconnu leurs fautes ont été relâchés », précise Ghislain Brunel. Seuls 400 chevaliers seront emprisonnés à vie. Mais 54, déclarés relaps, seront brûlés à Paris le 12 mai 1310. Les responsables de l'Ordre attendront encore longtemps leur condamnation dans les geôles du roi. Parmi eux, le grand maître, Jacques de Molay. Son interrogatoire figure lui aussi dans le précieux manuscrit. Un témoignage inestimable pour mieux comprendre le rôle de ce personnage, devenu presque légendaire à la suite de la malédiction qu'il aurait lancée contre Philippe le Bel lors de son supplice (lire p. 59).

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De la vingtaine de sceaux des Templiers conservés, le plus connu est celui des maîtres de l'ordre sigilum militum Xristi» qui montre deux chevaliers armés chevauchant la même monture.
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L'ensemble des séances des interrogatoires menés auprès des templiers arrêtés à Paris a été retranscrit sur un seul parchemin conservé aux Archives nationales, dans le quartier du Marais (à gauche). Les feuillets de ce rouleau de trente mètres de long ont été cousus. A chaque jonction, les signatures de quatre notaires (ci-dessus) ont été apposées afin qu'aucun feuillet ne puisse être soustrait.

Pourtant, rien ne prédestinait cet homme décrit comme falot à entrer dans l'histoire. Naïf, il n'a pas pressenti le piège qui allait se refermer sur lui et sur son ordre, allant jusqu'à accepter l'invitation du roi aux obsèques de sa belle-soeur, Catherine de Courtenay, la veille de son arrestation. Soumis aux mêmes mauvais traitements que ses frères, il reconnaît son hérésie, même si ses aveux sont réduits au strict minimum comme l'indiquent les minutes du rouleau. Enfermé pendant de longues années avec l'espoir d'une libération, ce n'est que le 18 mars 1314 que Jacques de Molay apprend qu'il restera en prison à vie. Dans une réaction ultime, il proclame alors l'innocence de l'Ordre et revient sur ses aveux. Geoffroy de Charnay, précepteur de l'Ordre pour la Normandie, fait de même. Pour juguler toute agitation, Philippe le Bel, surnommé aussi le Roi de fer, ordonne de les faire monter le soir même sur le bûcher.
Leur supplice parachèvera la fin de l'Ordre. Deux ans plus tôt, le 22 mars 1312, sa dissolution avait été prononcée lors du concile de Vienne, et l'ensemble de ses biens transmis à l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. D'abord réticents, les souverains d'Angleterre, d'Aragon et de Castille procéderont à leur tour à l'incarcération de tous les templiers de leur royaume. Ils seront aidés en cela par une bulle Pastoralis preeminentie du pape Clément V qui, soumis à la pression et soucieux de préserver l'institution pontificale, préférera « lâcher » ses anciens alliés et sacrifier l'Ordre en ordonnant l'arrestation des templiers dans toute la Chrétienté.

B. A.


Une puissante confrérie devenue trop encombrante

Fondé par Hugues de Payns sous l'impulsion de l'abbé Bernard de Clairvaux en 1127, l'ordre du Temple est le premier ordre militaire religieux de toute la Chrétienté d'Occident. Cette confrérie cosmopolite de chevaliers laïcs, à prédominance française - mais où l'on compte également des frères d'armes venus d'Espagne, d'Italie, d'Angleterre ou d'Allemagne -, escorte les pèlerins chrétiens qui se rendent en Terre sainte, au Proche-Orient, sous domination chrétienne depuis Pa prise de Jérusalem à l'issue de la première croisade en 1099.

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Cette miniature tirée du Roman de Godefroy de Bouillon et de Saladin (1337) représente l'attaque de Jérusalem par les croisés, en 1099.
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L'Ordre du Temple en Israel
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Croix de Malte et Templiers

Installés sur le mont du Temple, dans les dépendances de la mosquée d'al-Aqsa, à Jérusalem - site à ne pas confondre avec le centre de l'esplanade sur lequel les musulmans avaient élevé la Coupole du Rocher-, leur mission est de protéger les lieux saints (le Golgotha, le mont des Oliviers. . .). En s'engageant, la plupart des chevaliers - qui, n'ayant pas reçu les ordres, peuvent combattre - abandonnent leurs possessions à l'Ordre. Celui-ci bénéficie surtout de nombreux dons et legs de biens fonciers. A son apogée, il jouit ainsi d'un patrimoine de 9000 commanderies à travers toute l'Europe et la Terre sainte.

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A l'aube du vendredi 13 octobre 1307, les commanderies de l'ordre du Temple sont cernées et leurs occupants arrêtés (ci-dessus, miniature extraite des (C Grandes Chroniques de France », XIVè siècle).
Tous les chevaliers sont interrogés, la torture étant utilisée au besoin, pour leur faire avouer leurs « crimes ». Le grand maître Jacques de Molay (à gauche) subira le même sort et ses « aveux)) (ci-contre) seront consignés avec ceux de ses frères d'armes.

Au service de Dieu, les Templiers ne dépendent que du pape. C'est l'une des causes du bras de fer qui les opposera à Philippe le Bel, les conduisant à leur perte. Car le monarque capétien « veut être empereur en son royaume ». Il n'accepte plus les interférences d'un souverain pontife qui souhaite étendre son autorité sur l'ensemble de l'Europe. Et Clément V va céder, contrairement à son prédécesseur, Boniface VIII, lequel a payé cher sa résistance au roi. En 1303, en effet, Guillaume de Nogaret, le garde des Sceaux de Philippe le Bel, se rend en Italie pour faire plier Boniface qui menace d'excommunier le roi de France.
Le pape est fait prisonnier. Selon la tradition, il aurait même été giflé par un noble romain, allié des Français. L'épisode est connu sous le nom d' attentat d'Anagni ». Boniface VIII meurt quelques jours plus tard, remplacé par Benoît Xl puis, en 1305, Clément V, un Français, qui transporte le Saint-Siège en Avignon. Mais une autre raison attise la haine du roi : l'Ordre ne répond plus, selon lui, à l'idéal des croisades qui reste très vif chez ce monarque dévot, petit-fils de saint Louis, canonisé en 1292. Jacques de Molay, le grand maître de l'Ordre, montre en effet peu d'empressement à l'idée d'entreprendre une nouvelle guerre sainte. En Orient, les Templiers ont déjà payé le prix fort lors des six précédentes « traversées », comme on les désigne à l'époque. Deux siècles de présence en Terre sainte leur ont, en outre, permis de tisser certains liens. Il suffit pour s'en convaincre de lire les propos du prince syrien Oussama ibn Mounqidh, seigneur de Chayzar, dans son livre autobiographique, Les Enseignements de la vie (Kitab al-I'tibâr) . « Quand j'entrais dans la mosquée aI-Aqsa, où logeaient mes amis les Templiers, ils mettaient à ma disposition ce petit oratoire pour que je puisse faire mes prières. » Le prince les distingue très nettement des autres Francs présents sur place. « Certains textes montrent aussi que musulmans, Templiers et pèlerins chrétiens d'Orient (jacobites, coptes, meichites, etc.), priaient ensemble à l'abbaye de Saydnaya, à 35 kilomètres au sud de Damas, en Syrie », ajoute l'historienne italienne Simonetta Cerrini. Une tolérance qui sera rapidement reprochée aux ordres de Terre sainte. Après la défaite d'Acre, repliés sur Chypre et Rhodes, les Templiers continueront à défendre les Etats chrétiens subsistants.

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Chevalier du Temple
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Grand Maitre de l'Ordre

Outre son projet de croisade contrarié, Philippe le Bel est aussi en conflit financier avec les chevaliers.
Les dépenses militaires de la guerre des Flandres, celles d'un conflit en préparation avec l'Angleterre, et l'imminence de problèmes intérieurs - des émeutes ont eu lieu à Paris et Provins en 1306 - lui font rechercher de l'argent partout (lire l'encadré p. 60). Il se tournera d'abord vers les juifs, avant de les expulser en 1306, puis vers les Templiers. Lesquels refuseront de le financer. Selon le document dit du « chroniqueur de Tyr » apparu pendant le procès, ce dernier refus de prêt fera d'eux un ordre à abattre.


Le Temple adorait-il le saint suaire ?

Une hypothèse émise par l'auteur anglais Ian Wilson dans les années 1970 a refait surface en Italie, en 2009, par le biais du livre de l'historienne Barbara Fraie. En étudiant des dépositions de templiers lors de leur procès, la chercheuse italienne s'est convaincue que certaines descriptions faisant état « de l'image d'un homme » monochromatique, représentée sur une toile de lin ou de coton, et qualifiée « d'idole » par les accusateurs, n'étaient autres que le saint suaire. Selon Barbara Fraie, les chevaliers auraient eu en leur possession ce linge considéré comme sacré par les chrétiens, censé représenter le corps mort du Christ. « En 1307, en Europe, fort peu de gens ont connaissance de l'existence de cette relique », explique Simonetta Cerrini, autre historienne italienne spécialiste de l'Ordre. Jusqu'en 1204 et la mise à sac de Constantinople par les croisés, le suaire - que de récentes datations au carbone 14 font cependant remonter au mieux entre les VIè et xe siècles après J.-C (lire S. et A. no 759, mai 2010)- aurait été conservé par l'empereur de Constantinople. Puis il disparaît pendant près d'un siècle.

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Ce visage christique, retrouvé dans un fief des Templiers en Angleterre, pourrait avoir un lien avec le saint suaire.

L'hypothèse de l'historienne italienne est qu'il se serait retrouvé dans les mains des Templiers, avant de réapparaître à Lirey en Champagne chez Geoffroy de Charny en 1357, puis à Chambéry, chez les ducs de Savoie, enfin à Turin, où il se trouve toujours. « Le saint suaire a pu être exporté en Occident avant 1291, pendant le fort mouvement de reliques qui s'effectue vers l'Europe après la chute d'Acre », poursuit Simonetta Cerrini. Au cours de leur interrogatoire de 1307, des chevaliers auraient en effet avoué s'être recueillis devant une mystérieuse image durant le rituel de réception dans l'Ordre. Dans les cahiers d'interrogatoires de quelques chevaliers de la sénéchaussée de Carcassonne conservés aux Archives nationales, un frère, Arnaud Sabatier, reçu comme templier dans une commanderie du Roussillon en 1297 indique que « [.] lui furent présentés un crucifix et un linge de lin (lineum) portant l'image d'un homme, qu'il adora trois fois et à chaque fois il crachait sur le crucifix » ; Jean Taylafer, du diocèse de Langres, évoque « une image d'une face humaine. Interrogé sur sa couleur, il répondit qu'elle était quasiment d'une couleur rouge ». « Avec Barbara Fraie, je pense qu'il est probable que les représentations évoquées à ce moment-là soient bien celle du saint suaire », affirme Simonetta Cerrini. Une découverte réalisée pendant la Seconde Guerre mondiale dans l'ancienne commanderie de Templecombe, en Angleterre, viendrait conforter cette thèse : un panneau de bois, recouvert d'un visage christique « à la façon » du saint suaire, daté du XIIIe siècle. « L'utilisation des mêmes traditions iconographiques pour produire ce visage prouvent que ceux qui ont peint ce portrait à l'époque se sont inspirés d'un modèle auquel ils avaient eu accès quelque part », précise l'historienne. Toutefois, les spécialistes explorent d'autres pistes pour comprendre ce qu'étaient ces têtes « adorées ». « Les Templiers possédaient des céphalothèques, des reliquaires avec des crânes. Ils détenaient peut-être le buste reliquaire de leur fondateur Hugues de Payns », poursuit Simonetta Cerrini. Originaires de contrées diverses, il est aussi vraisemblable que les Templiers ne se référaient pas aux mêmes choses quand on leur faisait avouer - sous la torture - avoir adoré « une idole », la plupart du temps une statue de bois (signum fusteum), comme celle dont parle le templier Guillaume Bos.

Pour en savoir plus :
I Templari e la sindone di Cristo, Barbara Frale, Il Mulino, Bologne, 2009.
La Révolution des Templiers, Simonetta Cerrini, Perrin, 2007 et collection Tempus, 2009.


Le martyre et l'oubli alimentent le mythe

Si leur disparition n'a pas marqué les esprits à l'époque, la vogue ésotérique au XIXème siècle a relancé les théories les plus folles et l'attrait pour ces croisés mystérieux.


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Les francs-maçons ont pu être perçus comme de lointains héritiers des Templiers, entre autres pour leurs cérémonies initiatiques, comme celle représentée sur cette aquarelle du XIXe siècle.

Le 18 mars 1314, sur l'île aux Juifs, une des petites îles de la Seine, aujourd'hui réunie à l'île de la Cité à Paris, le grand maître de l'ordre des Templiers Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay précepteur de Normandie, sont livrés aux flammes. De nuit, presque en catimini. Au pied du bûcher, un chroniqueur, Geoffroi de Paris, rapporte ce qu'il présente comme les dernières paroles du grand maître : « Dieu sait qui a tort et a péché. Il va bientôt arriver malheur à ceux qui nous ont condamnés à mort. Seigneurs, dit-il, sachez, sans tere [sic], que tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir ! » La fin de Philippe le Bel et des derniers Capétiens vont donner sens à ces ultimes paroles, qualifiées des siècles plus tard de « malédiction » des Templiers. Le roi de France meurt en effet en 1314, soit six mois à peine après le dernier grand maître... Quant à ses fils, ils disparaissent l'un après l'autre : Louis X le Hutin règne cinq ans, Philippe V le Long, six ans et Charles IV le Bel, à peine quatre. En quinze ans, trois monarques vont régner sans laisser aucun descendant male. L'extinction de . la lignée directe des Capétiens sera à l'origine de la guerre de Cent Ans, déclenchée avec la revendication du trône de France par le roi d'Angleterre Edouard III, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère.

"Dieu sait qui a tort et a péché.
Il va bientôt arriver malheur à ceux
qui nous ont condamnés à mort. »
Les dernières paroles que Jacques de Molay, grand maître des Templiers, aurait prononcées sur le bûcher, le 18 mars 1314.

S'il n'y avait pas d'émotion particulière au sein de la population au moment de la disparition des Templiers, le mythe va naître peu à peu après leur fin tragique. « La mort de Jacques de Molay a progressivement été construite et dramatisée », raconte l'historien Alain Demurger, de l'université Paris-I. Le premier à s'y intéresser est Boccace. En 1360, l'écrivain italien consacre un chapitre de De Casibus virorum illustrium, à la mort de Jacques de Molay, à partir d'informations obtenues de son propre père, présent à Paris au moment des faits. Puis, pendant près de trois cent cinquante ans, plus personne n'entendra parler des Templiers... II faut attendre le XVIIIème siècle pour voir resurgir l'histoire de ces chevaliers. A cette époque, Voltaire condamne l'acte de barbarie dont ils ont fait l'objet. Un certain engouement pour les « secrets » du Temple apparaît. L'admiration envers l'Ordre se développe en parallèle à l'essor de la franc-maçonnerie, les francs-maçons pouvant passer pour les lointains héritiers de ces chevaliers auxquels ils cherchent à s'affilier par tous les moyens. Nicole Bériou, professeur d'histoire médiévale à l'université Lyon-II, explique également comment la référence aux Templiers prend la fonne d'un ensemble de mythes et de doctrines secrètes dès 1760 : un baron allemand, Karl Gotthelf von Hund und Altengrotkau, s'autoproclame grand maître de la Stricte Observance, l'un des premiers grands ordres maçonniques, et fait des croisés ses prestigieux ancêtres.
« Mais le mythe explose surtout avec la vogue ésotérique qui saisit le XIXème siècle », explique Ghislain Brunel. « Des groupes néotempliers sont créés en 1831, dont la Nouvelle Eglise catholique française de Ferdinand Châtel », écrit Nicole Bériou, une Eglise qui se veut indépendante de Rome. Le célèbre architecte Eugène Viollet-le-Duc lui aussi se laisse séduire. Il parle des dimensions « mystiques » des bâtiments templiers, dans son Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle. Quant à Balzac, il évoquera la « transmission de connaissance secrète d'une génération à l'autre par l'intermédiaire essentiel de l'ordre du Temple » dans ses Etudes philosophiques sur Catherine de Médicis, en 1836.
Tout est désormais en place pour que le mythe des Templiers prenne son essor. L'acmé sera atteint avec l'historien Jules Michelet qui publie vers 1850 Le Procès des Templiers. Avec l'essor de l'occultisme sous le Second Empire, le goût pour ces mystérieux chevaliers ne faiblira plus, au prix de thèses parfois délirantes au XXe siècle : ainsi, l'organisation sectaire du Temple solaire, dont seize membres se suicidèrent dans le Vercors en 1994, se prétendait le successeur des Templiers. Aujourd'hui encore, dans l'imaginaire collectif, les Templiers jouissent d'une aura de mystère, bien éloignée de la réalité historique. Ainsi les a-t-on retrouvés au Xxe siècle dans d'étranges affaires de trésor (lire l'interview ci-dessous) . Parmi les plus retentissantes, l'histoire du donjon de Gisors, (haut lieu du « sottisier templier » selon l'historien Alain Demurger), et qui en 1963 ira jusqu'à susciter l'intérêt du ministre de la Culture de l'époque, André Malraux. Immortalisée par le livre Les Templiers sont parmi nous, de Gérard de Sède, dans les années 60, l'énigme dite de Gisors connaîtra, à défaut de trésor, la bonne fortune éditoriale que l'on sait. Le cinéma et la littérature ont aussi exploité le filon. François Amy de la Bretèque, chercheur à l'université Paul-Valéry de Montpellier, rappelle dans le Dictionnaire européen des ordres militaires au MoyenAge (voir Pour en savoir plus), que dès 1910, la malédiction de Jacques de Molay était reprise dans le film Le Roi Philippe le Bel et les Templiers, sans oublier, à la télévision, Les Templiers de Stellio Lorenzi, André Castelot et Alain Decaux, en 1961. La saga des Rois Maudits, de Maurice Druon parue en 1955, et adaptée pour la télévision par Claude Banna en 1972, obtiendra elle aussi un grand succès public. Les Templiers étant devenus au fil du temps le prototype de la confrérie guerrière ésotérique, on les devine en filigrane derrières les chevaliers Jedi de La Guerre des Etoiles, de George Lucas, qui protègent les voyageurs de l'espace...

B. A.

Pour en savoir plus :
Vie et mort de l'ordre du Temple, Alain Demurger, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1989.
Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Age, Alain Demurger, Le Seuil, 2005.
Jacques de Molay. le crépuscule des Templiers, Alain Demurger, Payot, 2002.
L'Ordre du Temple en Terre sainte et à Chypre au XIIIe siècle, Pierre-Vincent Claverie, Centre de recherche scientifique, Nicosie, 2005.
Prier et Combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Age, sous la direction de Nicole Bériou et Philippe Josserand, Fayard, 2010.
www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/index.html


INTERVIEW : ALAIN DEMURGER, historien des ordres religieux militaires, maître de conférences à l'université Paris-I

« Le seul trésor des Templiers? Leur patrimoine foncier»

Selon une légende, une poignée de chevaliers aurait échappé au coup de filet de Philippe le Bel, gagnant l'Espagne chargés de richesses. Est-ce crédible ?
Non. Si très peu d'argent a été retrouvé dans les commanderies, c'est uniquement parce que le patrimoine des Templiers est essentiellement foncier et non parce que des chevaliers auraient fui avec un butin. Leurs possessions domaniales sont importantes. Pour se faire une idée, leurs terres et commanderies correspondent au double de celles de l'ordre des Hospitaliers. De plus, au moment de leur arrestation, ils sont financièrement en perte de vitesse. Le Temple est une organisation internationale qui dépense tout son argent sur le front, en Orient. Et cela lui coûte très cher! A titre d'exemple, une forteresse comme le krak des Chevaliers (ordre de l'Hôpital), en Syrie, compte 2000 personnes à entretenir pour à peine 238 chevaliers ! Y sont présents des mercenaires, des artisans pour fabriquer les épées et armures, des archers, des arbalétriers. . . En fait, quand on dit 500 chevaliers, il faut penser 10 000 combattants ! Tout cela est payé avec les ressources de l'Occident.
Le Temple a également longtemps eu la gestion du Trésor royal. De quoi se composait-il et quel était son rôle ?
Le Trésor royal est en fait constitué des revenus des domaines et du patrimoine de la Couronne, c'est-à-dire le produit de toutes les propriétés, terres, redevances, droits de péages, etc. Les rois de France ont souvent fait appel au trésorier du Temple car ils ne possédaient pas de moyens humains pour s'en occuper. A partir de 1303, cela se fera en cogestion avec les trésoriers royaux. De plus, contrairement à ce que certains ont voulu faire croire, les Templiers n'ont jamais été les banquiers de l'Occident. S'ils ont parfois été financiers, c'est par nécessité, du fait de leurs liens avec l'Orient. Et c'est sans doute cette proximité avec l'argent qui a fait naître chez certains le mythe du « trésor » ... bien des siècles plus tard!
Que deviennent leurs biens après leur arrestation ?
Tout est saisi. Pendant cinq ans, jusqu'au règlement de l'affaire en 1312, leurs biens restent aux mains de Philippe le Bel qui eut tout loisir de les exploiter à son profit. Tout ce qui a pu être vendu l'a été : les Hospitaliers ont alors hérité de bâtiments nus, vidés de tout! Le roi de France a tout liquidé lui-même pour financer les guerres contre la Flandre, ainsi que celles en Aquitaine contre le roi d'Angleterre et duc de Guyenne. Car Philippe le Bel, n'ayant pas de ressources suffisantes dans son royaume pour garantir des prêts, a toujours été à la recherche de liquidités. Il détournera même les impôts pontificaux et ceux sur le clergé, accordés pour faire la croisade. Mais cela ne suffira jamais.
Et la tradition sur l'existence, caché quelque part, d'un « trésor » templier ?
Au XIXe siècle, des groupes néo-templiers ont développé des légendes autour de l'existence d'un « trésor ». Mystifications, confusions et crédulités ont fait le reste... Il n'y a jamais eu de « trésor » templier.

Propos recueillis par B. A.

Chateau de Ponferrada, en Espagne, fonde par les Templiers en 1178.jpg
Le château de Ponferrada, en Espagne, a été fondé par les Templiers en 1178